[ 7 ] Accepter la différence
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Nous avons beaucoup parlé de la globalisation qui représente donc une des
premières différences à accepter. Ce n'est pas la seule. Les différences
sociales sont souvent mal acceptées en Corée. Solokto en est un symbole.
Il s'agit d'une île dont tous les habitants sont des lépreux. Solokto symbolise
donc le rejet des malades; on enferme ceux qui font peur loin des villes.
Lors des Jeux Olympiques de Séoul, de nombreux handicapés furent placés
dans cette île temporairement. Un médecin m'a expliqué que cette crainte
des malades venait du confucianisme qui accorde beaucoup d'importance à l'apparence
qui doit être parfaite. En outre, l'importance accordée àla lignée
familiale et la croyance en l'influence des ancêtres font que, si vous êtes
lépreux ou handicapés, cela signifie qu'il y a eu un grave problème
chez vos ascendants auparavant. Ce phénomène de rejet est le même
à l'égard des malades du sida. Ceux-ci souffrent d'une grave discrimination
sociale; ils perdent leur emploi; leur famille les rejettent; leurs amis s'éloignent
d'eux.
Il y a encore d'autres différences sociales qui sont mal acceptées dans
la Péninsule: l'homosexualité, les métis, ceux que l'on appelle les
Ttugis en coréen. Les enfants métis sont victimes de brimades et devenus
adultes, ils ont du mal à s'insérer dans la société.
"Le
refus des différences peut s'expliquer par le confucianisme et l'importance
accordée au sang."
Ce refus des différences peut s'expliquer encore une fois par le confucianisme
et l'importance accordée au sang -c'est le cas pour les Ttugis ou la méfiance
envers l'adoption-ou par l'homogéneité de la société sud-coréenne,
où le groupe est important, où on recherche toujours le consensus, où
sortir du groupe est difficile. Longtemps aussi, le pays ne s'est préoccupé
que de son développement économique sans s'intéresser aux questions
sociales. Maintenant que le pays est riche, les choses vont pouvoir changer rapidement.
Il est d'ailleurs incontestable que la société coréenne se libéralise
de plus en plus. On accepte mieux les handicapés que par le passé. Il existe
des associations gay dans les universités, et il y a même eu la première
manifestation homosexuelle à Séoul en 1997. Il existe aussi de plus en
plus d'association de solidarité en Corée, ce qui prouve qu'on accepte
mieux de venir en aide aux défavorisés. Les journaux abordent souvent ces
sujets de société. En parler est déjà une première étape.
Néanmoins, accepter les différences reste encore un défi pour la société
sud-coréenne.