[ 9 ] Jeunesse : éducation traditionnelle et exigence de liberté
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La génération des 20-30 ans est née dans une Corée
riche et démocratique, alors que ses aînés ont vécu les années
de pauvreté et de gouvernements autoritaires. C'est donc la première génération
à pouvoir s'exprimer librement, voyager, profiter d'un pouvoir d'achat élevé
sans subir le stress de la dictature et de la productivité à tout prix.
C'est aussi la première génération à vivre dans un monde globalisé.
Et c'est elle qui va construire la Corée de demain.
Il est intéressant de savoir si elle va poursuivre le modèle parentale
ou si elle va imposer des innovations dans la société. Comme la Corée,
cette génération des 20-30 ans vit une époque de mutation. Elle a
reçu une éducation traditionnelle mais a une plus forte exigence de liberté.
Elle est attachée à sa patrie et tient un discours très nationaliste,
mais souhaite découvrir le monde. Elle est soucieuse de se frotter à des
idées nouvelles, mais est issue d'une Corée où les débats restent
rares, et elle défend elle-même des idées assez conservatrices sur
les grands problèmes de société. Des choix que fera cette génération
dépend le visage de la Corée de demain.
"Affirmer son identité,
cela signifie définir quel type de démocratie l'on souhaite."
Affirmer son identité, cela signifie définir quel type de démocratie
l'on souhaite. La Corée s'est sans conteste démocratisée, mais des
progrès peuvent encore être accomplis. Il reste des prisonniers politiques;
les partis politiques ne sont guère diversifiés idéologiquement; la
corruption reste fréquente... La nouvelle génération coréenne
souhaitera-t-elle une démocratie forte centrée autour de la personnalité
d'un leader comme c'est le cas actuellement, ou une démocratie à l'occidentale
plus libérale, reposant avant tout sur des idéologies et des projets de
société ?
Sur le plan social, cette nouvelle génération favorisera-t-elle une société
égalitaire, plus respectueuse des minorités comme on l'a évoqué
précédemment ou sera-t-elle toujours attachée au groupe, au consensus
au point de rejeter toute différence, comme les handicapés, les métis...
? Dans le même ordre d'idée, acceptera-t-elle mieux l'égalité
entre homme et femme ? Certes la condition féminine s'est améliorée
en Corée, mais sur le plan professionnel et même à la maison, les
femmes restent souvent soumises et occupent des emplois moins importants que ceux
de leurs collègues masculins. A ce niveau, les sondages montrent que les maris
participent de plus en plus à la vie du foyer, mais qu'au travail, ils répugnent
toujours à être dirigés par une femme. La famille se modernise, mais
les pères traditionnels n'ont pas dit leur dernier mot.
Réformer l'éducation est aussi un défi important. Comme tous les pays
confucianistes, la Corée du Sud accorde beaucoup d'importance à l'éducation;
le taux de scolarisation est élevé dans la Péninsule. Mais tout le
monde reconnaît qu'il faut réformer le système scolaire afin de l'adapter
à l'évolution du monde; donc une éducation plus ouverte, plus dynamique,
plus créative, qui repose moins sur le parcoeur. Or réformer un système
éducatif est toujours difficile.