[ 10 ] Le solo de daegum et le Chungsunggok
|
Les sons doux, graves, voire un peu sombres du daegum ont quelque chose d'apaisant, ils apportent une atmosphère de détente. Les sons les plus élevés de sa tessiture, en vibrant délicatement, invitent à pénétrer dans un univers de totale quiétude. De tout temps, le daegum a été, pour les Coréens, un messager de la paix. Ils sont même allés jusqu'à qualifier cette grande flûte de manpasikchok, c'est-à-dire capable d'apaiser dix mille vagues rugissantes.
Ce sur quoi les Coréens portent toute leur attention, quand ils écoutent un virtuose du daegum, c'est les attaques. Elles doivent avoir quelque chose d'un peu rude et d'éclatant qui contraste avec les autres sons produits par l'instrument plus clairs et plus limpides. Cette couleur particulière des attaques n'est pas facile à obtenir. C'est pourquoi KIM Sung-jin, considéré comme le grand spécialiste de cet instrument, accorde une si grande importance à la production de la première note des phrases mélodiques : "On a beau passer toute sa vie à jouer du daegum, dit-il, c'est à peine si on parvient à produire deux ou trois fois une attaque vraiment satisfaisante." Et encore : "Celui qui, un jour de pluie, réussit à produire ce son parfaitement, n'a plus rien à envier en ce bas monde."
Le Chungsunggok est l'adaptation, pour le daegum, du Taepyungga (hymne à la paix), notée une octave au-dessus de la partition de référence, ce qui permet de mieux faire ressortir les sons les plus clairs de l'instrument. Cette uvre figure parmi celles qui sont les plus appréciées des Coréens.
CHO Sung-rae est flûtiste de l'orchestre de l'Institut national coréen de musique et de danse traditionnelles. La musique pour le daegum est classée "Trésor Culturel Intangible".