[ 15 ] KIM Myung-ja et le Salpurichum
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Le Salpurichum (le mot veut dire : "conjurer le mauvais sort") est une danse étroitement liée au gut, qui est un rite chaman. Les rythmes sur lesquels cette danse se développe proviennent de la musique qui accompagne les séances de gut. Pareille parenté est un sûr indice de l'ancienneté de cette danse.
Très tôt, elle a été adoptée par les danseurs professionnels, kisaengs, troupes ambulantes ou saltimbanques qui lui ont bientôt donné une justification artistique propre, indépendante de son origine chamaniste. Les modes de représentation occidentaux s'en sont à leur tour emparé. Elle est, au même titre que la danse d'inspiration bouddhique, parfaitement représentative des danses traditionnelles coréennes. Elle représente une véritable référence pour le public coréen, elle est la danse qu'on apprend d'abord, celle qu'on s'évertue, plus que toute autre, à maîtriser.
En se détournant de ses origines, elle s'est progressivement dépouillée de ses attributs chamanistes : le costume des danseurs, par exemple, s'est paré de rubans de soie.
Le Salpurichum est inscrit sur la liste des "Trésors Culturels Intangibles" coréens. Ses meilleurs interprètes ont été formés à l'école de HAN Yong-suk, YI Mae-bang et KIM Suk-ja. HAN Yong-suk et KIM Suk-ja sont aujourd'hui décédées, mais leurs disciples continuent de transmettre leur savoir-faire. YI Mae-bang jouit du titre de "Trésors Culturel Intangible", qu'il a été un des premiers à recevoir pour le Salpurichum.
KIM Myung-ja est une excellente représentante de la forme prise par cette danse dans la province du Cholla (sud-ouest de la Corée). C'est auprès de YI Mae-bang, son mari et mentor, qu'elle en a appris, à partir de 1971, les subtilités. Elle maîtrise tout aussi bien l'art de danser les danses bouddhiques que le Salpurichum.
YI Mae-bang a pour particularité de danser le Salpurichum avec une sorte de capeline par dessus le boléro traditionnel.
Dans les passages lents de la danse (kin salpurichum), le ruban de soie se déploie en arches splendides au gré des gestes amples et majestueux de la danseuse. Dans les passages rapides (jajin salpurichum) et les parties improvisées (shinawi), le mouvement des pieds est d'une rapidité vertigineuse.